jeudi 12 novembre 2015


"le loueur d'enfants"

publié je ne sais plus quand et je ne sais plus ou

LE LOUEUR D’ENFANTS



- J’ai souvent du mal à m’endormir le soir...
Le psychodoc regarda Julia d’un oeil éteint. Tout en continuant de jouer avec sa gomme à ultra sons, il répondit :
- Ce ne doit pas être bien grave... Sûrement une petite erreur de programmation...
- Je pleure parfois aussi, sans aucune raison...
Le psychodoc se contenta de hocher la tête, impassible. Julia était la trente-troisième femme depuis le matin se plaignant de pleurer sans raison. Au vingt-neuvième siècle, la nourriture était synthétique, les arbres poussaient sous une bulle et les femmes avaient souvent envi de pleurer. C’était un fait établi. Pas de quoi fouetter un chat !
Le docteur bailla et laissa tomber sa gomme: fréquence mini, il prescrirait de l’UT 29, fréquence maxi, du VWX.
Mais Julia était tenace :
- Je ressens comme des démangeaisons , sur les bras, et puis sur les mains.
Le docteur, prenant un accent particulier, demanda.
- Attention, est-ce que çà vous gratouille, ou est-ce que çà vous chatouille?
Julia, qui ne connaissait pas ses classiques aussi bien que le docteur, réfléchit, perplexe :
- Je ne saurai dire... Et puis... Je ressens comme un manque, comme un grand vide... Là...
Le praticien leva les yeux, soudain interressé. Les deux mains pressées contre son ventre, Julia indiquait l’origine de cette sensation étrange. Oui, décidemment, il fallait peut être mieux chercher un peu plus loin. Le psychodoc pianota quelques lignes sur son clavier, demanda à Julia de se détendre et commença à lui envoyer une succession d’images mentales. L’air soupçonneux, il visionnait sur son écran  les images projetées ainsi que la psychotrame de Julia. Une demeure spacieuse, une plage ensoleillée, un Apollon bronzé... La psychotrame de Julia restait plate, sans  le moindre frémissement coupable. Puis soudain, la courbe s’anima, ondula légèrement avant de tracer un pic d’une intensité tout à fait remarquable. Le docteur tressaillit. Il regarda la courbe, puis Julia, prostrée sur son fauteuil, des larmes coulant doucement sur ses joues, sans même qu’elle tente de les essuyer. Diagnostic vraiment trop facile ! Le docteur essuya ses lunettes d’un air satisfait, puis il enregistra dans le dossier de Julia l’image du bébé joufflu responsable  du si beau pic.
- Et bien... Ma petite dame... Tout cela est maintenant très clair. Vous souffrez d’une crise aigue d’instinct maternel !
Julia écarquilla les yeux :
- Oh non, docteur... Ce n’est pas possible !
- C’est tout à fait possible au contraire. C’est très rare, mais tout à fait possible.
- Mais... Qu’est- ce que je vais devenir ?
- Allons, allons... Vous n’êtes pas la première à qui cela arrive. Et çà ce soigne très bien de nos jours.
Julia se mit à sangloter, la tête entre les mains. Sans plus s’occuper d’elle, le docteur commença à rédiger son ordonnance.
- Nous allons complètement revoir votre traitement hormonal. Visiblement, il vous faut quelque chose de beaucoup plus fort. Voyons voir... Vous pesez combien ?
Julia renifla :
- Cinquante-six kilos.
- Vous dormez beaucoup ?
- Je suis programmée pour trois repas de cinq cent trente-deux calories et cinq heures trente de sommeil par vingt quatre heures.
- Hum... Hum... Dites-moi... Vous arrive-t-il d’avoir envi de ... Enfin... Avec votre mari...
Julia regarda le docteur sans comprendre, puis soudain, baissa les yeux en rougissant :
- Oh ! Docteur... Qu’allez-vous imaginer ! Jamais !Dans ce domaine, mon mari et moi-même suivons scrupuleusement les conseils de la Directive Universelle de la Copulation !
- Bien... Bien... Nous allons quand même chercher si cela ne proviendrait pas d’une erreur au niveau de votre fécondation artificielle. On a vu des lots entiers contaminés par certains virus et produisant des femmes non parfaitement inhibées. Donnez-moi votre numéro de FIV ?
- Lot MX 24072, éprouvette 0165847.
Le docteur regarda Julia par dessus ses lunettes et remarqua, songeur :
- Une bonne année pourtant... Enfin, nous verrons bien.


Anna entoura de son bras les épaules de son amie :
- Tu sais, Julia... Le docteur K est un très bon psychodoc. Il finira bien par trouver !
- Oh, je n’ai plus beaucoup d’espoir. On a tout essayé : drogues, hypnose, lobotomie, psychochoc... C’est terrible, j’y pense tout le temps !
Julia soupira puis continua, hésitante :
- Je me demande parfois si... Si je ne devrais pas envisager un séjour en... Un séjour en...
Anna sorti de sa poche une petite boite rose et avala distraitement une petite pilule de la même couleur.
- Ou çà ma chérie ?
Julia se lança :
- Un séjour en CRN.
Anna sursauta et s’éloigna brusquement de son amie.
- Mais tu es folle ! Tu as donc oublié tout ce qu’on t’a appris !
Anna leva un doigt et se mis a réciter, comme on récite une leçon :
- « Jamais d’enfants n’engendrera, ou mille maux tu connaîtras ».
Anna se rapprocha à nouveau de Julia et lui parla du ton que l’on prend pour raisonner un malade.
- Ma chérie, si jamais tu avais un enfant au Centre de Reproduction Naturelle et que cela se sache autour de toi, mais... Tu serais rejeté, moqué, méprisé... Tu vivrais en paria...
- Quand même... La femme du Grand Maître du septième secteur en a bien eu un, elle.
Anna avala une seconde pilule rose.
- çà ma vieille, çà n’a jamais été prouvé. Et puis, tu sais bien que les gens riches ou célèbre peuvent se permettre beaucoup plus de choses que le commun des mortels : et celle là, elle a un mari riche ET célèbre.
- Quand même... Je me demande si tout ce qu’on dit est vrai. Il y a seulement quelques siècles...
Anna lui coupa la parole, lui tendant la petite boite rose..
- Crois-moi Julia. Laisse tomber. Tiens... Prend plutôt une pilule, çà te fera du bien. « Une seule pilule d’Hilarante, et pour trois heures je suis contente ». 
Julia soupira encore, les yeux dans le vague. Puis elle regarda son amie, répondit gentiment à son sourire et pris une petite pilule rose.


- Entrez, entrez monsieur... N’ayez pas peur !
Julien rectifia immédiatement son allure, se redressa et pénétra dans le magasin d’un air décidé.
- Mais je n’ai pas peur.
Julia le suivait comme son ombre. Elle avait mis son collier incrusté d’hologrammes, et la petite chaîne magnétique qui reliait celui-ci au poignet de son mari était du plus grand chic. Le loueur était gras, chauve, avec l’air faussement servile de ceux qui s’enrichissent en exploitant les vices ou les faiblesses d’autrui. Il se frottait les mains.
- Qu’est-ce que je peux faire pour vous, monsieur ?
Julien se gratta la gorge d’un air gêné.
- Voilà... C’est pour ma femme...
Puis il se mit à rougir, conscient de l’absurdité de son entrée en matière. Comme si un homme pouvait avoir besoin des services d’un loueur d’enfants ! Irrité par sa gêne autant que par le sourire obséquieux du commerçant, Julien imprima à la petite chaîne une brève secousse. Les hologrammes du collier de Julia se mirent à changer de forme et de couleur de manière tout à fait harmonieuse. Julia baissa modestement les yeux.
- Bien sûr, bien sûr... Je comprends... Un petit problème d’instinct mat...
Julien, qui avait eu le temps de se reprendre, lui coupa sèchement la parole.
- C’est cela. Pouvez- vous nous montrer ce que vous avez de disponible actuellement ?
Le loueur se frotta les mains.
- Mais certainement monsieur. Nous venons justement de recevoir quelques très beaux spécimens. Peut-être madame a-t-elle une préférence concernant le sexe, l’age ou la couleur des yeux ?
Julia s’avança légèrement et ouvrit la bouche pour répondre.
- Peu importe, intervint Julien. Un bébé, c’est un bébé. Simplement, je voudrais qu’il ressemble aussi peu que possible à ma femme ou à moi-même. Je ne voudrais pas que l’on puisse supposer que... Enfin... Vous me comprenez...
- Parfaitement monsieur. Et c’est bien naturel. Je peux vous proposer un enfant de race jaune, ou noire ? En plus, ils sont très bon marché !
Le loueur d’enfant tapa quelques chiffres sur un clavier et juste au dessus du comptoir apparu l’image en trois dimensions d’un ravissant poupon, remuant allègrement bras et jambes et gazouillant avec bonheur.
- Celui-ci est très beau, commença le loueur. De race noire, sexe féminin, trois mois, santé parfaite. De plus, c’est une première main, il n’a jamais servi.
Une autre image remplaça la première.
- Huit mois, sexe masculin, race noire également...
Julien poussa gentiment Julia devant lui.
- Et bien va-y chérie, choisi celui que tu préfères.
Puis il s’éloigna du comptoir. Les mains derrière le dos, il fit quelques pas dans le magasin. De temps en temps, il jetait un coup d’oeil à Julia, absorbée par le boniment du petit homme gras et chauve. Bah ! Après tout. Une semaine ou deux suffirait certainement à combler l’instinct maternel de Julia. Ensuite, la vie reprendrait comme avant.
Julia regardait chaque bébé avec la même avidité. Tous lui paraissaient pareillement beaux, pareillement désirables, et elle n’arrivait pas à se décider. Craignant que Julien ne perde patience, le loueur la pressa un peu.
- Et bien, madame, lequel préférez-vous ?
Julia n’en savait rien.
- Laissez-moi vous conseiller le premier, madame. C’est certainement le meilleur rapport qualité prix.
Le petit homme projeta à nouveau l’image du premier bébé, qui maintenant souriait aux anges en regardant ses petites mains. Julia senti son coeur fondre et les larmes lui monter aux yeux.
- Oh oui, celui-là ! Il est si mignon ! Julien, vient voir !
Julien s’approcha et jeta sur le poupon un regard indifférent. Puis il regarda sa femme, amoureusement serrée contre lui. Elle était bien jolie, Julia, avec son collier qui, sous le coup de l’émotion, prenait successivement toutes les couleurs de l’arc en ciel. Julien sourit.
- Je suis content qu’il te plaise.
Le loueur d’enfants toussota discrètement afin d’attirer l’attention de Julien sur le contrat posé devant lui.
- Les formalités, si vous voulez bien monsieur...
Julien parcouru rapidement les différents articles du contrat de location. Tout semblait correct. La location se faisait à la semaine, renouvelable X fois. Le bébé serait livré sous huitaine, dans la plus grande discrétion. Le loueur était tenu au secret professionnel. De son côté, Julien devait déposer une caution, régler le prix de sept jours de location et s’engager à rendre un bébé en bon état.
En quittant le magasin, Julia resplendissait, et Julien se sentait tout compte fait assez content de lui, des autres, et plein de confiance en son rôle de futur père.

Le bébé repu s’endormait dans les bras de Julia. A la commissure de ses lèvres, une goutte de lait perlait, toute blanche sur la peau d’ébène. Julia se pencha, respira l’odeur de son enfant, et, du bout de la langue, essuya la petite trace blanche.
Depuis dix jours que le bébé était avec elle, Julia se sentait comblée, pleine de joie, plus heureuse qu’elle ne l’avait jamais été. Elle s’était aperçu avec surprise qu’elle pouvait s’endormir le soir sans programmation et se passer de ses fameuses petites pilules roses. Berçant tendrement la petite fille, Julia réinventait des gestes qu’elle n’avait pourtant jamais vu faire. Elle inventait pour son enfant ces petits mots qui ne veulent rien dire, mais aux consonances si douces, si apaisantes : des mots qu’aucune mère n’avait jamais prononcé pour elle.
Plus tard, elle lui raconterait des histoires, puis elle lui apprendrait à parler, puis...
Julia s’arrêta là. Elle venait de se rappeler que leur avenir commun, à elle et à son bébé, ne se comptait pas en années mais en semaines... Julia frémit. Avec passion, elle enfouit son visage dans le cou de son bébé, lui murmurant tout bas le nom que dans son coeur elle lui avait donné : Juliette...

Julia chantonnait, un sourire aux lèvres. Soudain, la bague qu’elle portait à l’annulaire gauche se mit à clignoter doucement : Julien avait besoin d’elle. Julia reposa doucement son bébé endormi, effleura des lèvres la petite joue rebondie, puis rejoignit Julien dans le salon. Elle alla chercher les deux plateaux repas individuels et les plaça sur la petite table basse. Sur chacun d’eux se trouvait une trentaine de petites gélules diversement colorées. Julia les disposa selon le même motif géométrique que la veille. Elle s’était jusqu’à présent toujours distinguée dans l’art de présenter les géllules d’un plateau repas. Jusqu’à une époque récente, elle avait suivi de façon assidue les cours de      .Jusqu’à l’arrivée de Juliette pensa Julia en souriant. Elle se leva pour aller brancher la psychoprojection  sensorielle du salon. Sur les quatre murs de la pièce apparut un paysage marin : des lagunes, des plages de sable doré, un vent chaud et léger fit doucement se balancer les branches des palmiers et vint caresser la chevelure de Julia. Un discret parfum iodé parvint à ses narines. Julia avait du mal à croire ce qu’affirmait la notice de l’appareil : selon celle-ci, ces paysages avaient existé sur terre quelques siècles auparavant. Elle jeta un coup d’oeil à Julien, qui, la mine sombre, avait commencé à avaler quelques gélules. Il ne semblait pas avoir remarqué le manque d’originalité de la présentation de son repas. Rassurée, Julia avala une gélule et laissa vagabonder son esprit. Sur la plage, une petite fille courait vers elle, toute noire sur le sable blond.
Soudain, le parlophone se mit à vibrer et tous deux se figèrent :
« Couple Julien- Julia... Blâme niveau trois... Origine : SPAV... Motif : mauvais traitements ayant entraîné la mort sans intention de la donner... »
Les derniers mots avaient à peine fini de résonner dans le salon que Julia se sentit pâlir. Mon dieu, le panda ! Depuis combien de temps avait-elle oublié de s’occuper du panda ? Julien allumait déjà le grand ordinateur. Julia cherchait quelle excuse elle pourrait invoquer. Dans le salon, apparut l’image 3D d’un pauvre panda, mort à côté d’un bouquet d’eucalyptus entièrement rongé et d’une mare d’eau desséchée.
- Nom d’un cyclotron, rugit Julien. Qu’est-ce que c’est que ça ? Depuis combien de temps as-tu négligé de nourrir cette pauvre bête ?
Julia ne savait que répondre.
- Sais-tu au moins le mal que j’ai eu à trouver cet animal ? Un blâme niveau trois de la Société Protectrice des Animaux Virtuels... Nous voilà bien !
Sur les murs de la pièce, la mer roulait maintenant des vagues blanches d’écume. Un coup de vent violent vint décoiffer Julien. Il passa une main énervée dans ses cheveux. Julia se dépêcha d’aller changer le programme de la psychoprojection  sensorielle. C’était l’inconvénient de ces appareils. Dès que quelqu’un dans la pièce était en proie à une émotion un peu violente ou à une tension un peu trop forte, tout ce déréglait. Mais peut être était-ce voulu par le constructeur ? Une forêt printanière remplaçait maintenant le paysage marin. L’air embaumait le muguet. On entendait le gazouillis de petits oiseaux.
Julien tempêtait toujours.
- On ne peut pas rester sans animal virtuel ! C’est presque aussi mal vu que... Que ça !
Julien désignait du bras la porte de la chambre de Juliette. Humblement, Julia murmura.
- Le prochain, je m’en occuperai très bien... Tu verras...
- Vraiment ? Et ou trouveras-tu le temps et le courage de changer l’eau d’un poisson-chat ou de sortir un petit fennec quand tu n’as même plus le temps ni le courage de préparer correctement un plateau repas !
Aie ! Il avait remarqué !
Julia suggéra.
-Peut être devrions-nous acheter un chameau ? Il parait qu’ils boivent peu ! Ou un boa ? On peut les nourrir seulement une fois par mois !
Pour toute réponse, Julien lui jeta un regard mauvais. Julia tenta un pauvre sourire d’excuse et se leva pour remporter les plateaux repas. Comme elle quittait le salon, elle entendit Julien grommeler.
- Plus rien ne va... Depuis un mois, plus rien ne va...
Julia frémit en songeant qu’il y avait déjà un mois que Juliette était sa fille. Derrière elle, une branche cassa et un corbeau poussa un cri lugubre...

Julia avait hâte de rentrer et de retrouver Juliette. En pénétrant dans le salon et en voyant le sourire crispé de Julien, elle ressentit comme une vague appréhension. Puis son regard tomba sur la grande boite entourée d’un ruban sonore. Julien accentua son sourire :
- C’est pour toi, ma chérie. Ouvre-le !
Julia s’approcha de la grande boite comme on s’approche d’un précipice. Quand elle commença à dénouer le ruban, une ravissante petite berceuse se fit entendre. Julia souleva le couvercle. A l’intérieur se trouvait un magnifique poupon en celluloplastex, qui avait certainement du coûter une fortune. Les tempes de Julia bourdonnaient, et elle entendait son coeur battre dans sa poitrine. Doucement, elle reposa le couvercle. D’une démarche mécanique, elle se dirigea vers la chambre de Juliette. Comme dans un rêve, elle ouvrit la porte, puis elle vint s’asseoir à côté du petit lit vide. Au milieu du vacarme assourdissant que faisaient les battements de son coeur, elle croyait par moment entendre quelques mots prononcés par son mari : « c’est la même chose... » « moins fatigant... » « mais prend le au moins... ». Julia prit dans ses bras la poupée que Julien lui tendait et commença à caresser la petite tête ronde.
- Tu vois bien ! Bientôt tu l’aimeras autant que l’autre.
Après un dernier regard à sa femme, Julien sortit de la chambre, à moitié rassuré. Julia chantonnait, en se balançant doucement d’avant en arrière, les yeux dans le vague. Elle caressait toujours la petite tête : les cheveux étaient lisses. Juliette avait les cheveux crépus. Julia regarda le poupon. Il était vraiment très bien fait. Quand on le touchait, il souriait et il agitait les bras et les jambes. Son regard s’orientait automatiquement vers la moindre source de bruit. Julia enfouit son visage dans le cou de la poupée, cherchant l’odeur chaude et animale, et ne trouvant que celle, froide et artificielle, du celluloplastex : ils n’avaient pas pensé à tout.
Une petite goutte perlait au coin de la petite bouche rose. Julia l’arrêta du bout de la langue. Le goût en était salé. Julia mit quelques instants à comprendre qu’il s’agissait d’une de ses larmes. Elle posa la poupée dans le petit lit de Juliette,  s’essuya le visage et quitta la chambre. Dans le salon, Julien la questionna d’une voix exagérément enthousiaste :
- Eh bien, est-ce qu’il dort ?
Julia sourit à son mari et répondit doucement :
- Oui... Il dort.
Julia ressentait au creux de son ventre comme un manque,un grand vide... C’était comme si l’on avait arraché quelque chose à son propre corps.
Elle s’assit à côté de Julien, prit la petite boite rose sur la table basse et avala deux pilules de la même couleur...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire